mardi 7 janvier 2014
En ce début d’année pour la troisième fois endeuillé, les souhaits ingénus ne sont pas de mise pour nos amis syriens, dont les revendications et les appels au secours sont couverts par un déluge de feu.
L’artiste néerlandais Florian Göttke a livré sur www.onlineopen.org une analyse toute en finesse du sens et du statut de la photographie d’un manifestant des rues de Homs, parue le 3 octobre 2011 en première page du International Herald Tribune. La légende indique qu’elle date du vendredi précédent, c’est-à-dire du 30 septembre 2011.
A l’heure actuelle, par ordre de probabilité décroissante, ce protestataire au cœur tendre peut être :
1) réfugié dans son propre pays (mais à l’écart de Homs, aux 2/3 détruite), comme plus de 4 millions de Syriens ;
2) réfugié dans un pays voisin, comme plus de 2,4 millions de Syriens ;
3) tué, comme plus de 130.000 Syriens, dont 11.709 femmes et enfants (selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme) ;
4) détenu et sans doute torturé dans l’une des prisons du régime, comme plus de 17 000 Syriens ;
5) membre de l’Armée Syrienne Libre ou d’un groupe affilié ;
6) membre d’un groupe armé incontrôlé ou intégriste ;
7) réfugié dans un pays lointain ;
8) caché quelque part dans les environs de Homs...
S’il est vivant, sa probabilité d’être blessé, mutilé ou malade et mal soigné est élevée. Et son vœu de vivre libre a des chances infimes de se réaliser en 2014.
Cependant, sauf le cas 3, son regard se tourne encore parfois vers nous.
C’est pourquoi nous ne pouvons l’abandonner.
Emmanuel Wallon
Voir en ligne : Retrouver ce texte avec la photo et garder "Un œil sur la Syrie" grâce au blog d’Ignace Leverrier, ancien diplomate, sur lemonde.fr