mardi 19 janvier 2016
Journée d’études CERLIS-LCSP
19 janvier 2016 de 9h45 à 17h30
Université Paris Descartes, Salle des thèses, Faculté des Saints-Pères, (Bâtiment Jacob, 5ème étage, 45 rue des Saints-Pères, 75006 Paris).
Inscription par mail : eac19janvier@yahoo.com
PRÉSENTATION
“L’affaire est bien connue : si l’éducation artistique et culturelle, qui vise à développer la présence des arts à l’école, fait l’objet de tant de « plans de relance », c’est que ses vertus sont unanimement reconnues. Plus que les clivages institutionnels qui séparent les acteurs culturels des acteurs éducatifs, [1] plus que les problèmes organisationnels que sa généralisation ne manquerait pas de susciter, ce serait l’absence de moyens adéquats à une politique ambitieuse qui viendrait retarder l’avènement des nombreuses promesses portées par le projet d’éducation artistique et culturelle.
Pour les acteurs culturels, le développement de l’ « EAC » (l’éducation artistique et culturelle) viendrait réparer le péché originel relatif à la séparation institutionnelle de l’Éducation nationale et du ministère de la Culture lors de la création de ce dernier. Cette hypothèse ouvrirait à la démocratisation de la culture des territoires plein de promesses : seule l’école offre la possibilité de toucher l’ensemble d’une classe d’âge, à un moment où les publics sont suffisamment jeunes pour qu’il soit possible de les former durablement. [2] Du côté des acteurs éducatifs, l’engagement de projets artistiques et culturels permettrait d’insuffler au sein de l’école des espaces de remédiation et de contribuer à « l’égalité des chances » : lutte contre le décrochage scolaire, dynamisation des équipes éducatives, développement de la culture générale et de la créativité, amélioration de certaines performances scolaires, etc. [3] Eldorado [4] de la démocratisation de la culture, horizon irénique de la réforme scolaire, l’éducation artistique et culturelle, cet éternel projet sans cesse remis au goût du jour, est décidément parée de toutes les vertus.
La tonalité unanimiste des discours institutionnels entourant le développement de l’éducation artistique frappe par le contraste qu’elle opère avec l’étonnante diversité des pratiques et des expériences que l’on peut observer sur le terrain. « Serpent de mer » de l’action publique, « l’EAC » fait plus souvent l’objet de discours de légitimation et de justification que d’analyse empirique : les enquêtes de terrain permettent-elles de confirmer, de nuancer, ou d’infirmer les logiques mobilisées dans ces discours ? Comme quelques sociologues l’ont fait remarquer, les effets de ces actions sont loin d’être univoques et d’opérer, comme par magie, la conversion de toutes les « mauvaises » volontés culturelles. Et dans le même temps, le discours critique peine souvent à prendre en charge l’adhésion d’acteurs de terrain, qui ne prennent pas non plus pour argent comptant les discours enchantés des politiques publiques. La journée d’études « L’éducation artistique et culturelle : mythe et malentendus » voudrait investir, enquêtes à l’appui, cette nouvelle pierre philosophale.”
PROGRAMME
9h45-10h - Accueil-Café
10h-10h10 - Introduction. Anne Barrère (CERLIS), Nathalie Montoya (LCSP)
10h10-10h30 - Nathalie Montoya : " L’éducation artistique et culturelle et la démocratisation de la culture : promesses d’Eldorado et conquêtes paradoxales ".
10h30-11h10 - Florence Eloy (ESCOL) et Tomas Legon (EHESS) : "Ce que l’éducation artistique et culturelle doit faire à ses bénéficiaires : analyse du brouillage des objectifs dans et hors l’école".
11h10-11h40 - Discussion des deux interventions.
11h40-12h10 - Anna Charbonneau et Séverine Dessajan (CERLIS) : "Adhésions et résistances à des dispositifs expérimentaux d’éducation artistique et culturelle".
12h10-12h30 - Discussion.
12h30-14h - Buffet-café & discussion.
14h-14h40 - Alain Kerlan (ECP) : "La critique artiste comme pensée critique en éducation".
14h40-15h - Discussion
15h30-15h50 - Géraldine Bozec (URMIS) : "Une histoire de « goût » ? Mobilisation, retrait ou décrochage des élèves dans les projets d’éducation artistique et culturelle ".
15h50-16h10 : Marie-Christine Le Floch (CERIES, Lille 3) : "Enseignants et artistes face au travail d’éducation dans une école élémentaire. Cadres, rôles et styles d’intervention".
16h10-16h30 : Discussion.
16h30 -17h - Anne Barrère : "De quoi l’éducation artistique et culturelle est-elle la solution ?
17h -17h30 - "Conclusion". Emmanuel Wallon (HAR, Paris Ouest Nanterre La Défense).
Voir en ligne : Visiter le site du CERLIS (Centre de recherche sur les liens sociaux)
[1] « L’on évoquait d’un côté tel animal sympathique, mais symbolique des glaciations du quaternaire, de l’autre, le caractère non moins sympathique, mais parfois ressenti comme éloigné de l’esprit de sérieux nécessaire à l’acte pédagogique, des “saltimbanques” ». Jean-Jacques Aillagon, « Discours aux DRAC », Plan de relance de l’éducation artistique, 4 janvier 2005.
[2] « La mise en place du parcours d’éducation artistique et culturelle a pour ambition de viser à l’égale accès de tous les jeunes à l’art et à la culture », Circulaire du 3 mai 2013 : « Le parcours d’éducation artistique et culturelle », ministère de l’Éducation Nationale, ministère de la Culture.
[3] « La loi de refondation de l’École de la République a placé l’éducation artistique et culturelle au cœur des missions de l’école, autour de trois piliers : le développement d’une culture personnelle, la pratique artistique et la rencontre directe avec les artistes et les œuvres : "L’éducation artistique et culturelle contribue à l’épanouissement des aptitudes individuelles et à l’égalité d’accès à la culture. Elle favorise la connaissance du patrimoine culturel et de la création contemporaine et participe au développement de la créativité et des pratiques artistiques" ». Page de présentation de l’éducation artistique et culturelle, site du ministère de l’Éducation Nationale, consultable ici.
[4] Ce pays de légende supposément recouvert d’or que les Conquistadors cherchèrent longtemps en Amérique du Sud.